L’archipel agile

Par Nils

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Mercredi, lors d’une discussion avec Gabrielle et Marc, deux collègues coaches dans le monde de l’agilité et de la complexité, Gabrielle nous relayait une question, une demande d’une amie que nous avons en commun et qui, surprise, est coach en entreprises.

Sa demande ressemblait à ceci : “ Eh, dis, ça fait plusieurs fois que l’on me demande quelles ressources regarder sur l’agilité, je m’aperçois que je donne toujours les mêmes liens, que je conseille toujours les mêmes vidéos,… Les mêmes qui ont parfois 5 ans, voire plus. Tu fais comment ta veille agile ? ”

Donc, Gabrielle arrive donc avec cette question : “ Comment tu fais ta veille agile ? ”

Dis, comment tu fais ta veille agile ?

Notre amie en question a été PO, scrum master, a fait partie d’une équipe Product Ops, nous estimons, tous les trois, connaissant ses expériences et ayant eu parfois des retours clients sur ses expériences que notre amie connaît l’agile, au sens connaît, pratique et incarne les frameworks agiles les plus répandus.

Nous discutons et une question vient assez rapidement : “c’est quoi l’agile ?”. Une question à laquelle notre amie commune devrait, on pense, répondre.

Marc commence en abordant l’importance de la notion de complexité que l’on retrouve dans Cynefin, dans la systémie ; il évoque également le concept de sociodynamique.
Pour apporter cette théorie sur le terrain, il nous conseille de déployer des outils génératifs. Le but : amener les personnes dans un processus de conversations, de nouvelles pratiques relationnelles. Quelques exemples d’outils génératifs : les rétros, les moving motivators, ….
Il mentionne le fait que notre amie commune est certifiée coach individuel, et il pense que le lien entre ce type de coaching et l’agilité serait une piste à explorer. Explorer sans faire plus de la même chose.

Pour conclure sur les outils, il nous dit ceci : “ Aucun outil n’est ton passe-droit ou ton sauveteur ”. En tant que consultant, si aucun outil ne marche, il est nécessaire d’avoir la discussion avec le client, le sponsor.

Une autre piste qu’explore Marc pendant la discussion : c’est le rapport au corps. Je découvre, en l’écoutant, l’expression “ recorporalisation des émotions ”, il évoque la danse des 5 rythmes où chaque rythme (fluide, staccato, chaos, lyrique et quiétude) ouvre une porte vers une dimension du mouvement. Cette discussion me semble infinie. Un infini qui invite à l’exploration pas celui qui nous donne le sentiment d’être perdu·e et figé·e.

Je prends le relais dans la conversation qui prend des allures de table ronde. Si je me pose la question “c’est quoi l’agile ?” dans l’ optique de faire ma veille… Je visualise un archipel, un archipel de 1.000 îles (Marc parlerait de différents royaumes). Un archipel n’a pas de centre, il y a des échanges entre îles, une culture dans chacune d’elles…

Dans cet archipel, qu’est-ce que j’ai envie de visiter ? Qu’est-ce qu’il serait bien pour moi que je voie ?
Dans l’agilité, qu’est-ce que j’ai envie d’apprendre ? Qu’est-ce qu’il serait bien pour moi que je muscle ?

Toutes les îles rapidement ? 2 jours dans chacune d’elles ?
Tout ce qui s’y rattache à l’agilité ? Un article, une vidéo de chaque notion ?

Une seule île ? Pendant un an ? Deux ? Pour devenir une fin·e connaisseur·se de celle-ci ?
Un seul thème ? Pendant plusieurs mois ? Années ? Pour être connu·e comme la grande prêtresse du thème ? Du kanban par exemple.

Est-ce que la sociologie peut être utile à l’agilité ?
Est-ce que le théâtre peut apporter des choses à la posture de facilitatrice ?
Est-ce qu’une certification Jira est utile ?
La sociodynamique ? Les OKR ? L’intelligence émotionnelle ? Le développement personnel ? L’intervision ? La supervision ? Le clean coaching ? La User Research ? Le host leadership ? Gantt ? Le modèle Cynefin ? La permaculture ? Le design sprint ? DevOps ? Les dynamiques de pouvoir ? La politique ? L’IA ? La systémie ? L’holacratie ? Les limites planétaires ? … Et je suis sûr, lectrices et lecteurs, que chacun·e de vous a quelques idées pour compléter la liste non exhaustive et infinie. Tant mieux.

Un exemple dans un autre univers

Vous avez peut-être vu cette scène lors des Jeux Olympiques où l’équipe de France de rugby à 7 offre à un public acquis à sa cause une danse chorégraphiée d’une vingtaine de secondes.
Tout comme j’ai posé la question “ Est-ce que la sociologie peut être utile à l’agilité ? “, on pourrait se poser la question “ Est-ce que la danse est utile au rugby à 7 ? ”

À haut niveau, le rugby à 7, c’est 2 x 7 minutes, c’est court. Ça veut dire peu de ballons pour marquer. Ça veut dire que chaque équipe en possession du ballon doit faire les meilleurs choix. Pour l’équipe de France, faire les meilleurs choix voulait en partie dire avoir le même rythme et en changer ensemble, en même temps. Ils n’ont pas répété une choré pour fêter une éventuelle victoire. Cela faisait 3 ans qu’ils répétaient des pas de danse pour bosser ensemble cette notion de rythme, de changement de rythme, de repères communs.

Des raisonnements abductifs (comme dirait Marc) : ces choses que l’on pioche dans d’autres disciplines. Ces solutions que l’on trouve en dehors de notre propre science.

La “table ronde” se termine, Gabrielle a pris plein de notes et a très envie d’écrire un article rapprochant agilité et MBTI, rapprochant les notions des 4 axes de préférence (extraversion & introversion / sensation & intuition / pensée & sentiment / jugement & perception) et les concepts ou pratiques agiles.

En voyant la richesse de nos quelques minutes, elle a très envie de poser la question aux autres personnes de notre groupe de travail. Moi, j’ai hâte d’entendre leurs réponses et d’interagir avec toute cette matière.

La discussion à dessiner en un comic strip de 3 cases :

  • Comment faire sa veille ?
  • C’est quoi l’archipel de l’agilité pour notre amie ?
  • Et où ira-t-elle ? Combien de temps à chaque fois ? Pourquoi ce temps ?

Bibliographie