Qu'est-ce qu'une belle équipe ?
Par Nils
- 4 minutes de lecture - 799 motsJ’ai toujours été attiré par la notion d’équipe, par la magie qui se dégage d’une belle équipe. Peut-être ma pratique du foot tout jeune, puis du volley, du hand, ou enfin du rugby, peut-être mes années d’études, …
En devenant coach dans le monde professionnel (et pas seulement dans un club de rugby), j’ai lu, sur des conseils de pairs, des livres sur le leadership écrits par Daniel Pink, David Marquet ou Phil Jackson, j’ai pu découvrir de la théorie pour construire une équipe (projet Aristote de Google, Tribal Leadership, modèle de Tuckman, …) et des mécaniques pour sa mise en place (ateliers vision, rôles et responsabilités, …).
Je pense par exemple à cet article de Pauline Garric qui décrit bien des exemples d’ateliers, de mécaniques de mise en place.
Le titre de son article est “Passer d’un groupe à une équipe avec le modèle de Tuckman”… Passer d’un groupe à une équipe…
Qu’est-ce qui différencie une équipe d’un groupe d’individus, on pourrait dire une somme d’individus ?
Qu’est-ce qu’une belle équipe ?
Charles Pépin, philosophe et chroniqueur sur France Inter, anime tous les jours de l’été une émission intitulée Sous le soleil de Platon, dans laquelle il aborde un sujet, une question en présence d’un.e invité.e. Lors de deux émissions, ils ont essayé de répondre à cette question Qu’est-ce une belle équipe ?.
Il a reçu tour à tour Alexis Michalik, “acteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur et écrivain” d’après Wikipedia, et Fabien Galthié, sélectionneur du XV de France depuis 2019.
Alors quoi de neuf pour moi dans ces 2 heures d’émission, de réflexion ?
La notion de soustraction
Je connaissais le concept d’addition, ou plutôt de dépassement de l’addition, qu’une équipe c’est plus que la simple somme des talents de chacun… Dans un récent post LinkedIn, j’avais retranscrit l’édito écrit par Charles Pépin pour l’émission avec Alexis Michalik. Il y disait notamment :
Pour que l’équipe soit belle, il faut parfois un peu de soustraction, moins de stars, moins d’ego, moins de certitudes. Pour que l’ « être ensemble » puisse exister, il faut lui donner sa chance. Si chaque être individuel s’accroche à son savoir, à son identité, à sa certitude, à sa compétence, si chaque être individuel est parfaitement gonflé de lui-même, fier de lui et sûr de lui alors il n’y a tout bonnement aucun espace pour être ensemble.
L’ « être ensemble » est un dépassement des êtres individuels : dépassement par en-dessous, dans l’humilité, dans l’écoute, dépassement par au-dessus, dans la poursuite d’un horizon, d’un rêve commun. Au fond, l’équipe est belle quand nous ne sommes pas vraiment nous-mêmes, quand nous sommes à la fois un peu moins que nous-mêmes et un peu plus que nous-mêmes.
Charles Pépin - Sous le soleil de Platon
Le mot “soustraction” me plaît, il est un mot qui enveloppe des concepts comme “se mettre au service de l’équipe”, en gros porter une attention particulière aux relations, aux passes, aux dialogues plutôt qu’aux personnes. Enfin, ce mot “soustraction” permet de montrer les efforts à faire sur l’ego, sur l’écoute pour être une belle équipe.
Agrégation et union
Nous sommes nombreuses, nombreux à connaître la notion d’engagement : engager les personnes, leur donner envie de se donner, d’être ensemble, … Sur ce sujet, c’est Rousseau qui propose une réflexion simple et que je trouve intéressante.
Rousseau disait si on veut être ensemble, il y a deux manières d’être ensemble : l’union et l’agrégation. L’agrégation c’est quand on a été attiré par des forces extérieures : le destin, les hasards nous ont placé ici, un manager a décidé pour nous, … A l’inverse, l’union, c’est nous qui décidons d’être ici, de faire partie de l’équipe : quand ça vient de l’intérieur du groupe, quand il y a un désir de faire groupe, quand ce désir vient du groupe.
Rousseau est conscient que dans la vie de tous les jours, les choses ne sont pas aussi binaires : on commence souvent par être agrégé.e, en gros on ne choisit pas si souvent son groupe (sa famille, ses collègues, …) et pour lui tout l’enjeu c’est que toute agrégation devienne une union. Fabien Galthié dans son interview parle de “joueurs très liés entre eux”, ajoute qu’ils ont vécu des choses très fortes entre eux et évoque “quelque chose des très très fraternel.”
Contrairement à Alexis Michalik, je ne construis pas des pièces de théâtre et donc des troupes très souvent, mais la prochaine fois, que je construis une équipe ou que j’intègre une nouvelle équipe, j’essaierai d’ajouter consciemment ces deux mots soustraction et union.
Bibliographie
Les podcasts de l’émission Sous le soleil de Platon :
- L’épisode avec Alexis Michalik
#PossibiliteDeLEchec #Plaisir #Frustration #Rythme #CadreDeJeu - L’épisode avec Fabien Galthié
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Crédits Photo : Jackalope West