Intro

Dans la société et encore plus dans le monde professionnel de l’informatique, la vague est d’une telle ampleur que je ne peux pas faire comme si elle n’était pas là. J’écris cette idée pour l’ancrer un peu plus en moi, moi qui avais mis l’IA de côté après avoir creusé les impacts sociétaux et énergétiques.
Je replonge donc un peu dans cette vague monumentale pour comprendre ce qu’elle peut changer dans les équipes, organisations que je serai amené à accompagner. Je replonge mais je n’oublie pas ce qu’elle exige en termes de ressources énergétiques, en eau, de dégâts sur la biodiversité et sur les autres limites planétaires, de bien-être humain (matériel et psychogiques).
Ces impacts me conseillent une utilisation adaptée de cette puissance de calcul encore jamais rencontrée pour un grand public.

De quoi je parle ?

Quand les DSI (directions des systèmes informatiques) parlent d’intelligence artificielle, il peut s’agir de 3 concepts :

• tout d’abord, l’IA peut être à l’intérieur du produit sans que l’utilisateur le sache. Un exemple : imaginez une usine de production chimique, des cuves, des tuyaux, des vannes, des mélangeurs et autres machines avec des consoles d’administration, de réglages … et à certains endroits des capteurs. Des capteurs qui fournissent des données à une IA qui suggèrent de nouveaux réglages chaque jour, semaine aux personnes responsables des réglages.
• Le 2e concept : l’interface d’une application ou d’un site web propose à l’utilisateur d’interagir avec une IA, sous forme d’un chatbot. Essayez par exemple de saisir “paris menton le week-end prochain dans l’après-midi” dans SNCF Connect.
• le dernier concept est l’usage d’IA dans les pratiques et outils des équipes de développement d’un produit : un designer qui est accompagné par l’IA pour créer des maquettes, un développeur où l’IA de son outil de développement lui propose des lignes de code pour la prochaine fonctionnalité.

C’est de cette dernière utilisation dont je souhaite parler.

Impacts dans les équipes IT

Le web regorge de contenus, de publicités vantant les bienfaits de l’IA dans la société et aussi de impacts négatifs voir dramatiques.
Je vous conseille, par exemple, cet article sur les impacts des compagons IA sur notamment sur les enfants.
Si on zoome sur les organisations et les équipes de développement, ça donne quoi ? C’est ce que j’essaie de comprendre avec des collègues depuis quelques semaines.

Ce que je vois aujourd’hui

Chez OCTO, je discute avec plusieurs développeuses et développeurs, plusieurs commerciaux qui relatent des retours d’expérience chez leurs clients. La grande majorité de celles et ceux qui utilisent l’IA dans leur éditeur de code sont d’accord pour dire que cela accélère la fabrication des fonctionnalités.
D’un point de vue de la performance recherchée continuellement par les organisations, on peut s’en réjouir.

On quitte l’écriture de code, pour un contexte plus design, François Rochet, dans son post sur les personIA, présente des agents IA pour remplacer les persona habituels, un des résultats est les designers pensent quasi quotidiennement à ces personIA.

Il peut y avoir des effets positifs, il faudra les identifier, les rechercher clairement car les effets négatifs et pervers sont nombreux et déjà visibles.

Tout d’abord, les activités de développeuse/développeur vont être fortement chamboulées, une grande partie de la partie créative de ses activités peut disparaître : à partir de prompts, la développeuse/développeur peut demander à l’IA de générer du code, la partie création laisse la place à la rédaction de prompts formatés et à la relecture de code généré. La posture n’est pas du tout la même.
Ensuite, plusieurs personnes m’ont évoqué la fatigue due à l’usage de l’IA. Elle, elle ne fatigue pas. Jamais. Répond toujours. C’est comme faire un tennis contre un mur. Une équipe a même réduit son temps de travail journalier de 8 à 6h.

Ce que j’imagine et qu’il me reste à étudier

Si les équipes de création de code peuvent livrer plus vite jusqu’à plusieurs fonctionnalités par jour.
Quid de la capacité des designers à composer des parcours utilisateurs aussi rapidement ? De créer des maquettes ? Utiliser l’IA ?
Quid de la forme de l’expression de besoins ? L’IA demandant beaucoup de contexte, la culture de l’oralité aura ses limites, l’écrit sera sans doute encore plus présent.
Mais du coup, quid de la capacité des équipes à écrire un flux suffisant d’informations pour développer ? Utiliser l’IA ?
Quid de la capacité à tester plus de fonctionnalités ?
Quid de la topologie des équipes ? Aujourd’hui, la culture ambiante c’est 1 PO pour 5-8 développeurs, faudrait-il plus de PO ?

Une autre question que j’ai c’est : a-t-on besoin de plus de fonctionnalités ? Le mouvement agile affirmait, il y a 20 ans, que la majorité des fonctionnalités était inutilisées…

Le monde a-t-il besoin de plus de code ? De plus de maquettes d’écran ?

On m’a rapporté une anecdote dont on ne sait me donner l’autrice ou l’auteur (si vous l’avez, je prends) : le monde n’a pas besoin de plus soulever de la fonte dans les salles de sport, le monde a besoin de personnes bien dans leur corps, de personnes qui se réparent après une blessure. le monde n’a pas besoin de plus soulever de la fonte sinon on aurait installer des grues dans les salles de fitness.

Je laisse la question en suspens.

On conclut ?

ChatGPT a 3 ans. Le monde de l’IT découvre les possibilités de l’IA dans les pratiques de développement de produit, c’est encore balbutiant, dispersé.

Mes observations n’en sont qu’au début, il me faut plus de données, dégager des tendances, identifier des risques et aussi des impacts positifs. Si la vague déferle aussi fort qu’elle est grosse, les impacts peuvent être très importants.

Bibliographie

• Un article de La Revue de cadres sur les impactsde l’IA sur le travail (pas spécifique au monde IT)
• Un publication LinkedIn sur l’usage de l’IA dans les personas ou personIAs
• Un post de la newsletter 15marches
• Un article du site Dans les algorithmes sur les impacts des compagnons IA (celui mentionné dans l’article)

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